Ils sont l’un des plus inavouables secrets du peuple elfique. Les humains et les autres races d’Arran pensent que ces elfes à la peau sombre sont des artistes, des savants, des poètes… Seuls les elfes connaissent leur véritable nature, un secret qu’ils ne trahiront jamais : il serait trop embarrassant de devoir admettre que leur espèce puisse être corrompue. Les noirs naissent tous blancs, bleus, verts, peu importe… Leur nature réelle se révèle, parfois en quelques heures, parfois en quelques années. Si tous les elfes portent en eux une part d’ombre, elle ne va s’exprimer que chez certains de leurs fils et de leurs filles, sans qu’ils en connaissent le véritable déclencheur…
Ces elfes ont la réputation d’être des créatures terribles, méchantes et cruelles. Ils sont détectés par des rabatteurs, puis emmenés à la citadelle de Slurce où ils sont formés. Pour la plupart, ceux qui ont survécu à leur formation deviendront de redoutables assassins. S’ils sont assez habiles, ils survivront trente ans, peut-être quarante, avant de trouver la mort lors d’une mission. Deux ou trois seront peut-être assez intelligents et adroits pour accéder au rang d’Ar’Thnen, des tueurs implacables et insaisissables, l’élite.
Les elfes noirs développent une forme de magie fondée sur la nécromancie. Chaque recours à la magie utilise l’âme d’un mort et la consume à jamais. Et à chaque recours, l’elfe devient plus noir encore. Les plus vieux deviennent, au fil du temps, des monstres enragés et ne sortent plus guère de la citadelle. Ces effroyables créatures se nomment les Murth’n Thuns. Seule la feuille de thnen permet aux elfes noirs de ralentir cette transformation.
Ils ne constituent pas à proprement parler un peuple, puisqu’ils ne peuvent pas se reproduire. En tout cas une chose est sûre : rares sont ceux qui ont survécu à un affrontement direct avec l’un d’entre eux.