Immortels à la peau azur, ils ont su pénétrer les secrets des océans et dompter les flots comme nul autre avant eux. Pour citer une vieille expression yrlanaise, « ces elfes sont encordés à la mer comme un nouveau-né aux seins de sa mère ». Il est vrai qu’il est extrêmement rare de trouver un représentant de ce peuple loin d’un cours d’eau, ou d’une vaste étendue navigable, car un elfe bleu ne s’épanouit qu’au contact de l’élément liquide. Leur connaissance des voies navigables, des étoiles ainsi que des créatures et monstres peuplant les océans du globe sont sans commune mesure.
À l’instar des elfes sylvains, capables de se lier avec des créatures terrestres, certains élus de ce peuple sont capables de s’allier à de fabuleux animaux aquatiques, comme les Mysts, immenses créatures abyssales dont les tentacules peuvent réduire une embarcation à quelques planches de bois – une espèce ancienne et aquatique douée d’une grande intelligence qui a accepté il y a bien longtemps d’être gardienne de certains des secrets des elfes bleus –, ou encore comme le Raïken-Kalhaal, nom qui signifie « celui qui règne dans les grands fonds et terrorise les hommes » – un monstre gigantesque surgi tout droit des tréfonds de l’océan dont un spécimen surveille encore la cité silencieuse de Reën’syss. Selon les légendes, en plongeant le regard dans ses yeux, on peut y apercevoir l’essence de toutes les peurs. Il est dit que celui qui parviendra à atteindre le cœur du Raïken-Kalhaal pourra le chevaucher.
Craints et respectés, les elfes bleus se divisent en deux grandes maisons : ceux vivant dans les archipels glacés du nord d’Arran, dont la capitale était jusqu’à présent la cité-île d’Elsémur, gouvernée par le sage Aamnon, roi incontesté de ce peuple et héros des guerres passées, et ceux des mers du sud qui ont, à une époque, quitté l’archipel des elfes blancs. Souvent considérés par leurs cousins du nord comme plus libres et versatiles, ils ont su prospérer et s’établir dans des grandes cités, comme Ysparh ou encore Port-vogue. Une légère animosité règne entre ceux du nord et ceux du sud. Les septentrionaux trouvent leurs frères du sud trop cupides, subversifs et aventureux. Tandis que les méridionaux pensent de ceux du nord qu’ils sont trop calmes, érudits et soumis. Malgré tout, tous les elfes bleus ont un profond respect pour le seigneur et roi Aamnon. Il est fort probable que si celui-ci battait le rappel, la majorité des elfes bleus du sud se rangeraient sous sa bannière.
Ce peuple peut se targuer de compter dans ses rangs de puissants guerriers, de sages érudits, de grands mages, de riches marchands, et d’incomparables marins, pêcheurs et bâtisseurs… Ainsi que d’illustres prophétesses capables de lire dans « l’eau des sens », accédant ainsi au savoir et à la connaissance des actes passés et à venir. Mais il n’est pas dans les habitudes de ces elfes de se vanter, ils demeurent humbles en toutes circonstances.
Sous leur apparente froideur et un flegme qui leur est propre, ils demeurent le peuple elfique qui a le plus d’interactions avec les autres ethnies des terres d’Arran et le plus bienveillant à l’égard des hommes. On ne compte plus les fois où les elfes bleus ont versé leur sang pour le bien commun, payant un lourd tribut pour protéger ce monde. Depuis que les elfes blancs se sont isolés du monde, les elfes bleus semblent être le dernier peuple elfique à se soucier véritablement du destin des terres d’Arran et de leurs habitants.