Région la plus septentrionale du monde d’Aquilon, à l’extrême nord des terres d’Arran. Elle doit son nom à l’importante couche de glace qui s’étend sur toute sa surface, et dont l’épaisseur varie au gré des saisons. Cette vaste étendue n’est pas toujours plate comme on pourrait s’y attendre. Elle est souvent vallonnée, parsemée de monts, pics et cratères géants. C’est un relief accidenté pour une multitude de raisons, notamment la superposition de couches de glace sculptées par les vents et les tempêtes au fil des temps, mais aussi par d’obscurs titans des mers. Ils vivent dans les fosses abyssales situées sous ce territoire et transpercent parfois la glace en quête de nourriture. On raconte que des expéditions entières ont disparu, happées par un de ces monstres surgi tout droit du fond des abîmes. Les immenses créatures terrestres qui parcourent la Banquise ne sont pas non plus étrangères à ce phénomène.
Car si la végétation est presque inexistante, on dénombre de nombreuses espèces animales : loups polaires, ours blancs, mammouths, isatis, panthères des neiges, dents de sabre, hermines, lemmings, harfangs, morses, phoques… Mais aussi des créatures colossales dépassant parfois les dix mètres de haut, comme les oliphants laineux, les ours polaires géants ou encore les gigantesques trolls de glace. Des légendes rapportent même qu’il existerait des créatures encore plus démesurées survivant d’un âge passé, peuplant les contrées les plus reculées du nord où nul ne pénètre jamais.
C’est une région des plus dangereuses, la plus froide et mystérieuse des terres d’Arran, régulièrement balayée par le blizzard. Lorsque l’hiver vient avec ses nuits perpétuelles, on peut observer les esprits qui se mettent à danser dans le ciel. Pour certains shamans, ces étranges lumières sont l’écho d’anciennes guerres célestes plus communément appelées aurores boréales. Lorsque l’été arrive, les journées s’allongent et la vie reprend son cours. Les animaux sortent d’hibernation et migrent vers le sud, l’épaisseur de glace se réduit et se fracture par endroits, notamment sur la côte, donnant naissance à des icebergs. C’est aussi à cette période que les pêcheurs de naütels établissent le camp annuel de Karvinäl. Malgré les conditions de vie extrêmes, on dénombre des communautés humaines vivant à l’année sur la Banquise, des familles de chasseurs nomades, vêtus d’épaisses fourrures réalisées à partir de peaux d’animaux. Ils bâtissent aussi d’éphémères villages de tentes et de glace.
La Banquise a encore une pléthore de secrets à nous révéler, telles d’anciennes cités elfiques datant d’avant le premier schisme, d’un temps où le climat était plus propice et qui sont désormais englouties sous d’épaisses couches de glace. Parfois, d’avides explorateurs marchands ou de courageux cartographes montent des expéditions en quête de ces secrets. Rares sont ceux qui survivent aux multiples dangers de ce territoire gelé, et la plupart font chou blanc. Un illustre cartographe devenu fou, seul rescapé de son expédition et qui s’est vu amputé de l’essentiel de ses membres après des gelures irréversibles, décrit la région par ces quelques phrases : « La Banquise, l’ultime frontière, là où les secrets s’égarent, tout comme les déments hagards, fouillant ces contrées sans relâche à la recherche de ces secrets. Inhospitalier est un mot insuffisant pour évoquer ce funeste territoire. Mortel serait un terme plus approprié, en adéquation avec ces vastes étendues sauvages et gelées. Plus l’on progresse au nord et plus le froid se fait présent, au point de pétrifier la moindre parcelle de chair touchée par les vents. Et à certaines saisons, le temps et l’obscurité omniprésente ont tôt fait de vous pousser lentement vers l’aliénation. »
Une fois par an à la fin de l’été, les naütels se regroupent par dizaines de milliers à l’est de la Banquise, à l’embouchure nord du fleuve Lerinn. Leurs coquilles sont précieuses, certaines même particulièrement rares. Et leurs chairs sont prisées par les gourmets. C’est à cette période que la mer se couvre de bateaux et la côte gelée de l’estuaire se pare d’igloos, de tentes, de traîneaux et d’abris de fortune. C’est le camp annuel de Karvinäl où se retrouvent tous ceux qui, le reste de l’année, parcourent la Banquise, ainsi que des marins venus de contrées plus éloignées. Véritable ville éphémère, Karvinäl est entièrement dédiée à la pêche, aux troc et au commerce des naütels, brassant d’innombrables peuplades attirées par la manne financière que génère la pêche de ces précieux coquillages. On peut y rencontrer des orcs, gobelins, nains, elfes, matelots du sud, mais principalement des peuples humains endémiques à cette région froide et hostile.
Pour beaucoup, la mythique cité de glace de Skögsta n’est qu’une fable venue d’une époque lointaine. Pour d’autres, ce ne sont que d’anciennes ruines elfiques prises dans les glaces de la Banquise. Mais en réalité, Skögsta existe bel et bien et ne semble pas être la cité déserte et oubliée de la légende, pour cause : l’étrange elfe Yrluthan s’y est établi. Il dispose même d’ouvriers qui entretiennent les lieux, ainsi que de mercenaires pour en assurer la protection. On imagine qu’Yrluthan finance tout cela grâce à d’anciens trésors enfouis dans la cité. On dit même que la dague de saphir (une lame dont se serait emparé Foel’yn le singulier dans le temple des Souffleurs Farouches de Gwerne) serait dissimulée en ce lieu. C’est une précieuse relique appartenant aux premiers elfes : un artefact possédant le pouvoir de trancher les plans de la réalité ; ce qui poussera l’elfe noir Gaw’yn à se mettre en quête de cette cité mythique.
Skögsta reste un endroit bien trop vaste pour être visité en une seule fois. La cité recèle de nombreux pièges mortels pour les curieux voulant s’approprier ses secrets. Certaines salles sont immenses et d’une beauté à couper le souffle, notamment le grand dôme de naütels qui concentre le rayonnement de l’univers lorsqu’apparaissent les aurores boréales qui passent au travers du prisme de chaque pierre. Il y a aussi une pièce recelant un jeu géant des « Six Discordes ».